Peut-être suis-je un peu naïve….
.. Mais je pensais que s’il nous resterait une seule chose positive de l’épisode Covid, ce serait la faculté d’être plus présent dans le « ici et maintenant », de plus pouvoir profiter des petites choses de la vie, de moins se laisser déborder, de mieux respecter nos limites, de se fixer les bonnes priorités, bref tout simplement d’ÊTRE…
Oui… il y a moyen de ne pas être débordé(e)
J’avoue que la petite phrase «je suis débordé(e)» a l’art de m’horripiler. Évidemment il fut un temps où moi aussi j’étais fière de dire que je devais travailler le soir et les week-ends, que je n’avais pas une minute à moi. Cela me procurait une certaine importance. Jusqu’à ce que je réalise l’absurdité de tout cela, que je commence à fixer mes vraies priorités et qu’à la question « comment vas-tu ? » je réponde « bien » ou « super » ou « bien occupé » plutôt que la réponse spontanée « je suis débordée ». Ma nouvelle réponse entraînait invariablement un froncement de sourcils ou un silence de la part de mon interlocuteur… comme si je venais de Mars (ou plutôt de Vénus, dans mon cas!)
Pendant la période Covid, nous avons tous réalisé – à notre grand soulagement – que les choses pouvaient se faire différemment…
Mais voilà que réapparaît le « je suis totalement débordé(e) »
Je le vois chez mes clients : des réunions marathon de plusieurs heures, des réunions qui se suivent sans pause entre les deux, travailler dur, tout donner, ne connaître aucune limite, être sur la route pendant des heures, se frustrer dans les embouteillages. Je le ressens personnellement depuis que je fais depuis quelques mois une mission de consultance dans une entreprise et que je suis donc confrontée au même challenge.
Et surtout … ce sentiment de fierté des personnes clamant haut et fort leur état de «débordement», mais aussi leur capacité à faire face, à résister (jusqu’à présent du moins).
D’un autre côté, j’entends aussi des plaintes, une certaine «victimisation»!
D’autant plus que les médias (sociaux) ont tendance à polariser : d’un côté l’engagement extrême et d’autre part le « quiet quitting » ou la « démission silencieuce », soit la tendance d’un employé à faire le minimum pour conserver son emploi sans faire d’effort supplémentaire, souvent motivé par l’idée qu’il y a des choses plus importantes dans la vie et que le travail n’est pas la seule priorité … (à juste titre d’ailleurs!).
Une polarisation entre ceux qui choisissent d’autres priorités et l’agitation du business qui est encore trop souvent considéré à ce jour comme la seule norme. J’entends aussi que des personnes réintégrant le travail après un burn-out se jettent corps et âme dans leur travail « parce qu’il n’y a pas moyen de faire autrement » …
Je suis consternée … et inquiète… et aussi un peu triste…
Mais surtout je veux essayer de comprendre….
Pour quelle raison acceptons-nous que nous soyons de nouveau débordés?
Pourquoi accepter cet état de fait ?
Pour quelle raison autorisez-vous votre employeur, votre manager ou vos collègues à remplir votre agenda à ras bord et à dépasser vos limites ? A vous laisser déborder?
Quelle est la raison pour laquelle vous le faites vous-même spontanément, pourquoi recherchez-vous cet agenda surchargé, cet état de débordement?
Je vois un certain nombre de raisons pour lesquelles les gens sont à nouveau submergés par leur travail ; et je vais en partager quelques-unes avec vous – au risque de vous choquer !
Une mauvaise gestion du temps et des priorités
Cela peut vous sembler cru, mais cela a toujours été comme ça: un emploi du temps surchargé et de longues heures de travail sont souvent le symptôme d’une mauvaise gestion du temps ou plutôt d’une mauvaise gestion de l’attention. Parce que vous ignorez quand vous êtes le plus productif, parce que vous ne parvenez pas à fixer vos priorités, parce que vous manquez de concentration, parce que vous ne planifiez pas les choses au bon moment… Tout cela peut faire que votre agenda devienne ingérable.
Être débordé parce qu’on ne sait pas fixer nos limites
Nous oublions trop facilement que «non» est une réponse complète. Pourquoi ? Parce que nous n’avons jamais appris à le faire. Au contraire, nous avons appris à «plaire» (aux autres). Nous avons été élevés avec un immense sens des responsabilités. Il est dès lors excessivement difficile de dire : « J’aimerais bien t’aider, mais pas maintenant» !
Difficile car nous avons peur du regard des autres. Peur du « qu’en dira-t-on ».
Mon CONSEIL miracle : si vous ressentez cette envie irrésistible d’accepter une tâche supplémentaire, posez-vous les questions suivantes, en insistant à chaque question sur un mot différent …
Dois-je faire cela maintenant ?
Dois-je faire cela maintenant ?
Dois-je faire cela maintenant ?
Dois-je faire cela maintenant ?
Dois-je faire cela maintenant ?
Je suis assez curieuse du résultat… :
Trop de réunions …
Un agenda est rempli de réunions qui se suivent, sans pause entre les deux ? Contraints de vous déplacer pour passer de la réunion « x » à la réunion « y » ? Vous ne savez plus quand vous pouvez encore «travailler pour de vrai» entre toutes ces réunions? Des réunions sans ordre du jour ? Des réunions qui débordent?
Oui, j’avoue cela fait du bien d’être un peu sollicité partout! Cela flatte sans conteste votre égo…
- Mais avez-vous vraiment de la valeur ajoutée partout?
- Et quel est le but réel de la réunion: transmettre des informations ou engager une véritable discussion?
- Et cette réunion doit-elle vraiment se faire en présentiel ou peut-elle également se faire à distance ?
- Votre présence est-elle réellement requise ?
- Que se passerait-il si vous n’y alliez pas (d’ailleurs comment faites-vous quand vous êtes malade, par exemple) ?
Mon conseil : examinez de façon critique toutes ces réunions auxquelles vous êtes conviés; tentez le coup de ne pas y aller et voyez ce qui se passe; et – au minimum – renseignez-vous sur l’agenda, le timing et la raison de votre présence !
La perception et le prestige d’être débordé(e)
Oui, être présent sur votre lieu de travail, être vu, faire de longues journées au bureau – ou bien comme un de mes anciens collègues écumer les bureaux des directeurs à partir de 18 heures et aller discuter avec eux … Cela peut être perçu comme du travail. On appelle cela aussi le «présentéisme».
Mais soyons honnête? Rester au bureau jusqu’à 20 heures, est-ce synonyme de travail, ou juste de statut et de prestige ou pire encore, d’un manque total d’efficacité.
Identification avec son travail
Avez-vous remarqué que la première question lors d’un événement de réseautage ou lorsque vous rencontrez quelqu’un c’est « Que faites-vous dans la vie ?» et jamais « Qui êtes-vous? » …
Évidemment, notre vie professionnelle et notre travail sont des facettes importantes de notre identité. C’est pour cela qu’un licenciement, une réorientation professionnelle ou le passage à la pension sont souvent des moments de transition très douloureux.
Mais nous sommes plus que notre travail…
La question clé est :
- qui êtes-vous sans votre travail ?
- que restera-t-il de vous si votre travail disparaît?
Parce qu’on pense qu’être débordé(e) est la norme
Oui, c’est sans doute cela : travailler est synonyme de s’exténuer, c’est rentrer à la maison épuisé et recommencer le lendemain. Certains appellent cela de «l’éthique professionnelle ». Ils rajoutent d’ailleurs «c’est ce qu’on attend de moi» ou «cela fait partie de mon éducation»; « ne pas travailler c’est être paresseux » et d’autres croyances limitantes que nous avons adoptées.
Mais où est-il écrit, dans quel texte de loi est-il prescrit, qu’être débordé c’est la norme?
Parce qu’on aime être débordés
Certains clients affirment qu’ils aiment vraiment travailler de façon acharnée.
Bon soit! Je veux bien les croire.
Qui suis-je d’ailleurs pour émettre un jugement?
Mais pouvons-nous au moins convenir, chers clients (et lecteurs), que si ce n’est vraiment pas l’une des raisons précédentes et que vous travaillez vraiment dur parce que vous aimez ça ….
alors arrêtez de dire que vous êtes « débordés », « à la bourre ».
et dites plutôt « je vais super bien», «cela va très bien» ou à la limite « je suis bien occupé(e)».
Alors? D’accord?
Et si vraiment vous êtes un adepte volontaire du « travail acharné », je vous invite maintenant à prendre un stylo et du papier, de réfléchir aux deux questions suivantes et de noter vos réponses :
• Qu’est-ce que j’ai raté ces derniers jours et semaines ?
• Que va-t-il se passer si je continue ainsi ?
Vous souhaitez en savoir plus à ce sujet
Rendez-vous dans mon blog Votre pyramide est-elle inversée?
Et je ne peux m’empêcher d’ajouter une dernière raison, la plus poignante voire cruelle pour moi (désolée pour le jugement)….
Souvent, tout ce travail acharné n’est qu’une compensation … on se laisse déborder …
… pour combler un vide ou un manque.
Le travail n’est alors qu’un pis-aller pour une situation familiale malheureuse ou un autre manque; afin de ne pas devoir regarder la réalité en face; pour échapper à une situation difficile….
Et même si le travail peut parfois apporter du réconfort dans des situations difficiles, cela ne peut jamais être une raison de vous laisser déborder …
J’espère que ce blog vous aura ouvert les yeux…
PS… si vous avez l’impression que vous êtes facilement débordé(e) et que vous vous sentez épuisé(e), je vous invite à remplir le questionnaire suivant de Burnout Assessment Tool… juste comme prise de conscience…